vendredi, octobre 19, 2007

Klee/l'Homme labyrinthe.












Cliquez sur les images si vous les trouvez trop petites.


L’Homme, le bonhomme.

Premier épisode :
Le personnage dessiné, peint, gravé.
La représentation humaine bidimensionnelle.
Les bonshommes plats sur le support.





Il existe plusieurs manière de « convoquer » l’idée de « l’être humain » dans notre encéphale.
Plus simplement dit : comment penser à « l’Homme » en général ?
- « Il y a plusieurs manières.»
Campons le décor: vous êtes seul avec un interlocuteur, vous devez trouver un moyen de lui faire venir à l’esprit l’idée de l’homme ou de la femme (de l’être humain en général.)

1- Vous lui dites; « Pense à l’Homme… L’homme en général ! »
Ne lui dites pas ; « … En général ! » il penserait qu’il est général des armées.
L’interlocuteur comprend le sens du mot « l’HOMME* » énoncé par votre voix.
* Le Français n’a malheureusement pas un mot pour désigner l’ensemble « être humain », il faut prendre « Homme » pour, homme et femme. Bref, faisons avec.
2- On peut aussi écrire silencieusement sur un papier le mot « homme » et donner le mot « à voir » à l’interlocuteur qui comprendra le mot s’il sait lire votre langue.

3- On peut lui donner la photographie d’un homme, votre interlocuteur saura encore plus précisément de qui il ne s’agit pas ; « C’est un homme âgé que je ne connais pas, etc. » Attention ! votre partenaire peut devenir intarissable tant il a d’informations sur l’inconnu; il pourrait le décrire avec précision sans le connaître puisqu’il le voit!

4- Autre possibilité : désignez avec le doigt un homme qui se trouve à proximité de vous. Cet homme n’est pas une image ! Votre partenaire comprendra-t-il le concept que vous voulez qu’il sauvegarde ; « c’est un homme »? Ce n’est pas certain.

5- proposez « un gugusse » dessiné au crayon avec seulement deux boules de tailles différentes et quatre bâtons planté dans la grosse boule inférieure. Le partenaire railleur jugera que le dessin est bien piètre, mais que le sujet est bien « l’être humain. »
Il faut bien reconnaître que ce personnage est bas de gamme ! Il n’est même pas le stéréotype d’un personnage. Ce dessin renseignerait presque plus votre partenaire sur votre incurie graphique qu’il ne lui servira à se représenter mentalement l’idée de « l’être humain!»

6- Proposez maintenant le dessin de « l’homme » réalisé par Leonardo lui-même, c’est un cadeau qu’il vous a fait! Vous le présentez à votre partenaire. Au delà de l’admiration de votre locuteur qui loue langue pendante le réalisme du dessin; il comprend qu’il s’agit d’un homme, bras et jambes écartés, inscrit dans un cercle.



Chacun des six exemples avait la même intention; présenter « un homme ! »
À chaque fois, son, mot, images, devrait consigner dans notre ciboulot l’idée de l’Homme qui vous ressemble.
À chaque fois, c’est le même Homme qui est convoqué in petto, avec plus ou moins de précision.
Le mot « Homme » ne donne pas de précision anatomique.
La photographie d’un homme ne peut pas ne pas donner de précision anatomique.



Voici une septième situation.

7- Vous présentez à votre locuteur un dessin aussi schématique que celui du gugusse aux quatre bâtons, mais il provient de Paul Klee ; il est tracé d’un seul trait, le tracé est surprenant, il est épuré, mais le résultat visible, sans hésitation, cette ligne entrecoupée nous entraîne à y voir un homme.
À ce moment, on dit ; « Stop chef-d’œuvre si l’on est pas trop dérouté par l’invention graphique de Klee si loin du stéréotype*! »

*Regarder le dessin stéréotypé d’un homme, sur la porte des toilettes par exemple, c’est être proche de l’écrit, c’est une convention, c’est presque une icône, c’est à la limite de l’écrit et de l’image, ça doit être compris de tout le Monde et vite ; pipi/caca femme, pipi/caca homme, pipi/caca handicapé.

Un personnage de Paul Klee est lu ou compris plus ou moins rapidement, mais pas assez promptement pour une porte des toilettes…

Un personnage de Klee, n’est pas une icône au sens ou nous l’attendons quand nous voyons un ouvrier sur un panneau routier triangulaire.
Passer devant une reproduction épinglée au mur d’un bonhomme de Paul Klee ne nous entraîne pas à nous diriger vers tel ou tel endroit. Cette reproduction, même de qualité médiocre peut nous transporter à regarder ce personnage surprenant. Ce personnage nous saisit parce qu’il n’est pas reconnu immédiatement par notre cerveau qui ne le possède pas en stock. Les lignes de ce dessin finiront par se démêler dans notre cerveau comme étant un bonhomme comme celui des toilettes, celui fait de bâtons, celui de la photo mais il sera tellement plus jubilatoire !



Lorsque que l’on est devant un dessin de Klee, il peut se dévoiler comme aussi intéressant que celui de Léonardo.
Ces deux types de dessins sont fascinants, mais les deux artistes ne jouent pas dans la même cours: cinq tonnes de sable séparent leur œuvres !
La coexistence de ces deux hommes aurait été possible, mais un seul à la fois aurait été apprécié par la société.
Inversons leur ordre d’arrivée !



Nous sommes en 1920 : Vinci serait-il le complice de Klee pour son point de vue différent sur la représentation humaine ? Il y a beaucoup de dessinateurs dans la lignée de Vinci au début du 20ème siècle ! Klee sans détester ces dessinateurs ne s’y intéresse plus, ce sont des ringards, ils peignent ce que les photographes décliquent, on appelle ces artistes, les Peintres Pompiers et s’est vraiment péjoratif.
En revanche, Klee s’intéresse de très près aux civilisations d’Afrique.
Par elles il apprend beaucoup. La simplification astucieuse, surprenante et habile de leur manière de représenter les visages et les corps le stupéfie. Il s’en inspire très largement comme tous les autres artistes de cette époque. Ce sont ceux qui habitent sur vos livres d’histoire de l’art d’aujourd’hui.
Les intellectuels qui n’ont pas regardé les autres civilisations en ce début du 20ème siècle ont disparu de la circulation. Ces peintres Pompiers avaient pourtant à cette époque, en 1920, toutes les commandes officielles des différents gouvernement européens.

Nous sommes maintenant en 1500 : Klee est de passage à Florence chez Vinci avec ses drôles de bonshommes sur son carnet. Ses dessins ne respectent rien de l’anatomie. Les bonshommes de Klee font bien rire Vinci dans sa barbe ; il éclate de rire. Vinci se fout de sa gueule ouvertement. Leonardo, considère que Paul n’est pas mature, qu’il est encore à l’école maternelle et qu’il n’a aucune chance dans le métier vu son âge...
Quoique ! (comme dirait Devos)



Quoique ! Leonardo aurait été capable de confesser, sans pouvoir le formuler, que les personnages de Klee étaient ingénieux, voire habiles.., bien qu’ils ne suivent pas les codes de la représentation en perspective en rigueur ; raccourcis et volumes. Leonardo conviendrait que les bonshommes simples de Paul n’ont rien des stéréotypes des dessins d’enfants. Les dessins d’enfants sont stéréotypés et cela est dû à l’apport des parents et des enseignants mal formés qu’ils rencontrent.
Les deux hommes camperaient sur leur position.
Quand on sait que Hitler et une bonne partie de la bourgeoisie allemande reléguait les dessins de Klee dans la catégorie de l’art dégénérée, on peut comprendre que Vinci cinq siècles avant eusse pu avoir des difficultés à admettre l’art de Klee. Paul Klee qui reculait jusqu’aux Civilisations dites primitives et antiques aussi anciennes que l’art antique égyptien. Pour un homme de la renaissance tout commençait à la Grèce Classique ; antérieurement c’est l’Antiquité dans le sens « pas-encore-fait-par-un-homme-intelligent »
Ces deux types de représentation très éloignée l’une de l’autre ont droit de coexister au 21ème siècle, cela n’était pas possible au 15ème siècle.
L’eurocentrisme de la Renaissance ignorait presque complètement les systèmes d’art des autres civilisations.

Je postule que vous êtes ni Leonard ni Paul Klee ; les deux vous épatent, mais vous n’êtes pas un as en dessin anatomique mais la simplicité du trait de Paul Klee vous humilie.
Il y a trois manières d’améliorer votre piètre dessin du gugusse rondouillard à deux boules. (Décris oralement de cette manière, vous embellissez le bonhomme ! Non,ne l’embellissez, sa représentation picturale est nulle, aucune accroche sentimentale n’est possible !)

Aa- Pour améliorer ce bonhomme, vous travaillez d’arrache pied l’anatomie, le réalisme, le mouvement, les raccourcis des membres dans l’espace. Vous travaillez sous la houlette d’un maître et vous finirez dans quelques années par vous rapprocher de Michel-Ange, de Delacroix.
Bé- Pour améliorer ce bonhomme, vous êtes muni d’un appareil photo numérique ou d’un Ipod vidéo sur le disque dur duquel vous avez une bonne banque d’images d’hommes photographiées et bien répertoriées. Avec cet appareil vous n’avez plus besoin du dessin.
(Vous gagnez deux ou trois années d’étude du dessin d’anatomie classique dispensé par les académies municipales qui se font rares, faute de bons professeurs qui vont devenir aussi unique que les maréchaux ferrants, puisqu’il n’y a que des bagnoles pneutés et peu de débouchés à savoir croquer votre prochain sur un carnet de croquis qui séduit moins qu’une image sur un Ipod vidéo à 60 gigas.)

Cé- Bien aussi fun que l’appareil numérique, cette troisième manière de représenter l’homme devrait séduire, c’est mon souhait, on est au coeur de mon propos.



Voici résumé votre portrait:
« - Vous ne savez pas dessiner d’après nature, vous n’avez jamais appris à dessiner le corps humain dans les écoles d’art, vous êtes même bien content de ne pas y avoir mis les pieds. Vous n’avez pas le don d’observer un ami et de le retranscrire comme un photocopieur sur votre carnet à dessin à spirale, vous avez remisé ce carnet acheté fort chère, vous êtes dégoûté, ce que je propose ci-dessous est pour vous ! »

Je vous propose de faire un tour caricatural dans l’histoire de l’art des Civilisations et du Monde, un voyage dans le Temps et dans l’Espace.
(J’exclus les cinq siècles qui suivent la Renaissance en Europe, de 1400à 1900.)
…Ensuite, vous reprendrez votre carnet de croquis. je pense que vous comprendrez mieux la représentation de l’homme. Vous le dessinerez avec plus de liberté, de décontraction et d’exubérance.»

p’ti a - Pour comprendre, étudions ces drôles de bonshommes du 20ème qui déroutent, qu’ils proviennent de Klee, de Brauner, de Dubuffet, de Basquiat, de Picasso, de De Kooning.
P’ti b - Pour comprendre, étudions ces drôles de bonshommes d’ailleurs ; d’Océanie, d’Afrique, d’Amérique.
P’ti c - Pour comprendre, étudions ces drôles de bonshommes sortie du temps ; Sumer, Babylone, Tassili.



L’évolution du réalisme.

À ses débuts, l’homme dessiné ou peint est immobile, debout de face ou de profil.
Toutes les civilisations antiques ont représenté l’homme sur leurs murs ; c’est l’homme dit « à l’Égyptienne ». L’homme égyptien est plaqué, presque collé sur le papyrus ou sur la paroi. Il est de profil, bien déployé comme une carte routière, ses pieds sont vus de côté comme sa tête, ces deux mains sont bien montrées, le buste et le bassin sont de face, le seul œil est dessiné de face. Ce qui compte pour le spectateur comme pour l’artiste c’est l’inventaire des éléments du corps, tout doit y être, bras avant-bras, main, c’est bien plus que la réalité objective.

Il faudra attendre le dessin sur les céramiques grecques, 450 av J.C pour voir dessiner des hommes entrelacés qui luttent donc cachés en partie, mais ce sont vraiment avec les maîtres de la Haute Renaissance que l’homme dessiné se déhanche, se recroqueville, s’élance, se vrille.
Ensuite arrive Picasso, Klee et d’autres.


Je suis au cœur du sujet, c’est à ces « bonshommes », souvent simples, toujours créatifs, surprenants, quelques fois déroutants que nous devons nous intéresser.

Ils ont été dessinés par des artistes connus du 20ème et des artistes inconnus des autres continents et des autres civilisations. Ces types de dessins sont les plus nombreux.

Somme toute, avec le recul, on peut se demander si ce ne sont pas les cinq siècles qui suivent la Renaissance avec son système de représentation rigide qui ne serait qu’une pichenette dans l’histoire de l’humanité des bonshommes représentés sur une surface plane ?



L’analyse d’un dessin illustrerait bien ces longs propos sans image!
Un homme de Paul Klee ?






Retournez* dans tous les sens ce personnage et vous serez moins certain d’y voir un personnage !
*Vous ne pourriez pas faire cela au musée !



De côté vous découvrirez un autre personnage. Tournez encore votre photocopie, mais ne cherchez plus un personnage. Essayez plutôt d’oublier celui que vous venez de voir. Néanmoins, je me suis amusé à chercher d’autres personnages; j’ai déjà trouvé sept personnages différents.


Reprenons le premier. Vous pouvez le voir assis à l’Égyptienne le pied et la main bloqué sur le côté droit. Il s’est retourné sur son siège. Le pupitre d’école (ou le pupitre du scribe) est en coupe sur la gauche. Que cet homme soit assis est facilement perceptible grâce au pictogramme à angle droit qui rappelle une chaise vue de profil.
Pourtant, franchement, au premier abord ce réseau de lignes plus ou moins ombrées n’a rien d’un bonhomme anatomique juste. Toutefois, en se repérant sur la double petite branche de la partie supérieure déchiffrée par tout le monde comme étant les yeux et le nez, le reste du corps va dépendre de cela. Mais la lecture du contour peut être différente d’un déchiffreur à l’autre ; si l’œil lambda suit tant bien que mal une épaule sur la droite, ce même œil a bien des difficultés à trouver la main. Repérer les doigts est impossible ! On peut accepter cette ouverture vers le haut sans doigts. L’autre bras est plus difficile à suivre.
Etc.



Comment ce labyrinthe de lignes grises qui se rencontrent, se jouxtent, se coupent ou s’arrêtent sans crier gare forme cette scène d’écriture ? Un homme, un pupitre, une chaise et peut-être une grande feuille de papier que cet homme tiendrait entre ses mains ?
Comment ce dessin fait d’angles droits, de légères courbes et de triangles ouverts est assimilé par notre cerveau comme étant un personnage ? Le cerveau reconnaît plus ou moins les différentes parties d’un corps tel qu’il l’a appris progressivement ; pour les bras, les jambes, Ok ! Pour l’abdomen et le torse c’est plus indéterminé. Ce sont sans doute les deux yeux (plutôt des paupières) qui induisent le plus la lecture.
Paul Klee sait qu’il est à la limite de la représentation, il sait qu’il trompe, mais il sait nous faire voir ce qu’il veut que l’on voit. Il travaille sur la limite de notre cerveau à ne plus percevoir un personnage lorsqu’il change légèrement quelques lignes.



Pictogrammes pour tous.
Les deux dessins de l’homme et de la femme que l’on trouve sur la porte des WC ne nous renseignent pas beaucoup sur l’anatomie des deux êtres humains. Aujourd’hui la plupart des femmes sont en pantalon, or c’est une jupe triangulaire qui donne le sexe sur le pictogramme. Ces autocollants en légers reliefs sont collés à hauteur d’œil sur les portes ; par convention, vous poussez celle de gauche ou celle de droite.
Il est question d’un langage à voir et à comprendre, que l’on accepte comme un code universel. Ces simples pochoirs noirs nous renseigne mieux que des images photographiques.
Ces pictogrammes se situent entre le mot et l’image, c’est précisément le sujet de cette réflexion sur l’homme dessiné.



Dans l’espace, on envoyé les dessins des deux êtres en question, ils sont nus ; ils sont reconnaissables par un terrien qui connaît l’anatomie. Il n’est pas certain que cela fonctionne pour un extra-terrestre, c’est pourtant bien pour eux que ce dessin est envoyé dans la sonde spatiale. Ce dessin figure au générique de l’émission de Ardisson «Salut les terriens!»





Aux jeux Olympiques de Mexico, un graphiste a mis au point tout un système de personnages faits de bâtons arrondis très créatifs ; la direction et la taille du large bâton noir changent. Les athlètes du monde entier qui ni lisent ni ne parlent la même langue, grâce à ce système, savent où se rendre : à la piscine, au saut en hauteur, à l’escrime, etc.
Cette manifestation olympique, véritable tour de Babel, est le lieu idéal pour tester ce type de langage pictographique presque abandonné depuis le 1ème millénaire de l’ère d’avant J.C.

Autant l’homme sportif apparaît partout à mexico autant l’homme et la femme préhistorique n’apparaissent pratiquement pas dans l’art pariétal.
Le haut niveau de représentation auquel sont arrivés les peintres de Lascaux 12 000 ans av J.C est époustouflant ; certaines vaches sont en mouvement ! On peut parler de profondeur entre deux pattes avant.
Pourtant, les peintres de la préhistoire ne dessinent pas d’hommes, encore moins l’homme en mouvement. Pourquoi ?
Ont-ils eu peur de la force émotionnelle des dessins d’homme et de femme sur leurs parois ?
L’image a un pouvoir qui a été craint.



Il y a quelques exceptions. À Lascaux, un homme schématique semble avoir les tripes à l’air éventré par le bison qui lui fait face, non, c’est le contraire. Il a lâché son lanceur de flèches à tête d’oiseau, cet homme est une des rare scènes avec un homme représenté, il semble être en érection ?
L’image préhistorique est d’origine chamanique, l’images est mystérieuse, magique trompeuse, elle prête à conséquence.
Les artistes pouvaient peindre les hommes aussi bien qu’ils peignaient les animaux, c’est incontestable. On a sans doute craint de représenter l’homme de peur de le voir prendre vie ou de le faire mourir ; on ne connaîtra sans doute jamais la véritable raison. L’animal dessiné sur la paroi signifiait vraisemblablement que le chasseur se l’appropriait en dessin par anticipation pour la chasse du lendemain.

Quand l’homme a commencé à se représenter dans l’Antiquité, il n’y a plus eu que pour lui sur les parois, l’animal est passé en arrière plan ; la chasse ne posait plus de problème, les armes s’étaient améliorées, on ne demandait plus à l’animal la permission de le tuer.

Le premier dessin d’un homme.
Quelle envie a bien pu pousser un homme a vouloir se représenter, se dessiner sur une feuille plate alors que tout lui indiquait qu’il n’était lui-même que volume, un volume de chair au gros ventre et au verso athlétique, un visage pile et des cheveux face ?
Ce n’est pas un homme qui a eu cette envie, c’est une jeune femme qui eu pour la première fois l’idée de représenter son amoureux.
Il se tenait debout devant l’âtre, il partait pour la guerre, elle eu l’envie de garder le contour de son ombre avec un charbon de bois et de s’étendre dessus pour penser à lui. C’est une légende grecque, elle est belle !



Picasso ne peut pas rester immobile face à son modèle.
Picasso au début du 20ème siècle se déplace autour de son modèle tout en le dessinant; il dessine ce qu’il voit et assemble les morceaux entre eux alors que les points de vue sont différents, ça fait une drôle de femme. Il démontre que l’on peut se défaire de ces habitudes photographiques. On peut désapprendre à voir le modèle en peindre borgne dont l’œil est à distance fixe. Picasso relie comme il peut tout ce qu’il voit lors de ses déplacements.
Le résultat est plus proche de la séquence filmique que de la représentation photographique.
Picasso a pourtant appris à dessiner dans une école d’art, il est un direct descendant des maîtres de la Renaissance; un seul point de vue, une seule action dans un temps arrêté. Picasso s’est défait de ses habitudes, il se met dans la marge.
Picasso est un Michel-Ange qui s’est rebellé. Michel-Ange aurait connu la photo argentique, qu’il se serait sans doute détourné de sa passion du dessin pour les raccourcis audacieux, les pauses baroques complexes, les hanches qui se tordent et la ligne des épaules qui renfoncent la torsion, mais il aurait gardé son pouvoir expressif.


Fin pour finir en queue de poisson: ecce homo, le mot homme, le dessin pictographique et la représentation hyperréaliste de l’homme ont le droit de cité, ils ont des raisons différentes d’exister ou de coexister.
Chacune de ces trois possibilités est utilisée pour des raisons différentes à des moments différents : musée, WC, identité, etc.












2 commentaires:

Bernadette Couturier a dit…

Bonsoir,
J’ai fait un petit lien sur mon blog http://chaque-jour.over-blog.fr/article-25912155.html vers votre article, et je compte bien enrichir mon document http://wwwcrdp.ac-rennes.fr/savoirscdi/blog/?p=197 déposé sur le blog des documentalistes en présentant tous vos articles !
Exemples
Géricault, Théodore
Le radeau de la méduse avec référence au TDC n° 593 d’octobre 1991 (à ne pas désherber !)
http://gilbert-arts.blogspot.com/2007/02/le-radeau-de-la-mduse.html
Bien cordialement,
Bernadette Couturier

LES HOMMES PREISTORIQUES - LE SEXE a dit…

LES HOMMES PREISTORIQUES - LE SEXE http://www.arterupestre-c.com/1000.htm On se la pète avec nos sextoys, le Kamasutra, le tantrisme et tout ce qui fait de la sexualité une chose raffinée, dont on peut parler entre amis tout en évitant les détails scabreux. On parle de sexe parce que le sexe, c'est cool. On dédramatise parce qu'il n'y a, finalement, rien de bien dramatique. Le sexe, on peut en parler sans passer pour un pervers ou une cochonne. N'empêche, on a toujours quelques petits problèmes. Le porno, l'homosexualité, les délires fétichistes : il y aura toujours ceux qui seront mal à l'aise avec ce qui est "tabou", ou qui préfèrent penser que ça n'existe pas. Ces gens-là, ils sont pas cools. Et les hommes préhistoriques, eux ils étaient vraiment cools. Ils représentaient la sexualité sur les murs des grottes sans aucun problème, alors qu'archéologues et passionnés de peintures rupestres ont toujours du mal à partager de telles représentations avec le public. Les hommes préhistoriques, ils n'avaient pas peur de montrer clairement des coïts, des femmesDanniel Verdejo - Barcelona Spain obèses avec des fesses énormes, gorgées de fertilité. Ils n'avaient pas peur de représenter des choses aussi osées que ma peur de vous en parler. Les hommes préhistoriques, ils avaient peur des catastrophes naturelles, mais pas du sexe. En ça, ils étaient vraiment cools.