lundi, février 02, 2015

Dessin Caricature XIXe





















Le dessin en France au XIXe.  










Quand on s’intéresse aux arts plastiques du XIXe, on retient la peinture : David, Delacroix, "Le radeau de la Méduse", Ingres, Courbet et les Impressionnistes. Il y a de plus en plus de couleurs sur les toiles. 
Et qu’en est-t-il du dessin au XIXème siècle ? 
Les artistes dessinent en noir sur papier blanc, leurs dessins sont uniques, ils ne peuvent pas être imprimés à côté de textes typographiés les moyens techniques ne le permettent pas encore. (2) 


Survol du XIXe siècle.


En 18OO les ravages de la Révolution Française ont cessé, Napoléon veut l’Europe pour la France, il échoue en 1815. Puis, le XIXème siècle est rythmé par trois Révolutions, trois Républiques et trois Royautés. 
(Pour en savoir plus, lisez la note (1) à la fin de ce document). 

En ce début de siècle la reproductibilité d’une image est difficile. 
J’appelle "image", un reflet, une peinture, une gravure, un dessin plus ou moins figuratif. La photographie est une image, elle naît lentement au cours de ce siècle et elle devient chimiquement assez facile à développer vers 1850 (3)
L’image qu’elle soit religieuse, satirique, humo-ristique, politique, artistique, commerciale ou de propagande est rare parce qu’elle est impossible à imprimer dans un livre ou sur un journal qui doit être diffusé au minimum en quelques milliers d’exemplaires.
Il existe bien sûr la gravure sur métal, le tirage est lent, il est difficile de dépasser une centaine  d’exemplaires. Il y a aussi la gravure sur bois  (4) qui ne permet pas la précision à laquelle  sont habitués les artistes de ce siècle qui ont tant d’élégance avec un crayon !
En résumé, il est facile de diffuser du texte, mais  pas les images.




Le XIXe découvre un procédé technologique qui va permettre de multiplier  les dessins faits au crayon, c’est la lithographie.
Les artistes vont dessiner sur la pierre comme sur le papier, aussi bien aussi vite (11). Un dessin lithographique de Daumier peut être confondu avec un dessin au crayon sur papier, alors qu’il est sur un journal en de nombreux exemplaires.
La lithographie est un système basé sur le principe de la répulsion de l’eau et de l’encre grasse, il ne faut donc pas imaginer les artistes  en train d’inciser la pierre. (Pour en savoir beaucoup plus sur la technique, lisez la note 10 )





Toutefois, l’image lithographique ne peut pas être intégrée à la composition typographique, elle reste une illustration en regard du texte, ce qui est encore un handicap pour son utilisation par la presse écrite.

Mixons toutes les infos données depuis le début : les arts plastiques, les nouvelles technologies, le contexte socio-politique de ce siècle. 

Ce cocktail énonce qu’il est possible  d’essayer de dire, d’écrire et de dessiner ce que l’on pense… Oui mais, ça va être en dents de scie, ça va dépendre du pouvoir en place, le siècle est agité : Républiques, révolutions, rois, empereurs. La situation est favorable, l’air respiré de la rue donne envie d’affirmer une conscience politique philosophique, il est possible de dire ce que l’on pense sans prendre trop de risque avec un crayon ou une plume.  

Bien sûr, il y a belle lurette que l’on graffite les murs et que circulent des dessins d’humeurs excessifs ou non, mais jamais le dessin n’a pu prendre l’ampleur qu’il va prendre en France au XIXe (5) pour toutes  les raisons qui ont été exposées. 

Si tout le monde après 1830 a su dessiner une poire, c’est grâce ou à cause d’un dessinateur.

Charles Philipon est le dessinateur de ce canard  enragé « Le Charivari ».(6)
Il déteste la manière de régner  du roi Louis Philippe. Il constate que la révolution du peuple est passée entre les mains de la bourgeoisie. Son pouvoir d’artiste sont de le dessiner haut et fort. Il va s’en donner à cœur joie avec son crayon. Peut-on dire pour autant qu’il va bien se battre avec son crayon ?

Ce garçon au crayon intelligent ne veut tuer personne, il souhaite seulement ridiculiser ce roi (7) qu’il trouve incompétent. 
Plutôt que de traduire en dessin la politique de cet homme et de ses conseillers, il va seulement exagérer la tête de ce roi à la tête empâtée, aux grosses joues et à la perruque bouclée. 
En quatre dessins successifs, il métamorphose la   tête du roi qui devient une poire. 
Pas une pomme, pas une banane, une poire ça fait rigoler tout le monde sauf le roi et son entourage qui aimerait bien ne plus voir ces dessins dans la presse tous les jours.
La force du dessin de ce dessinateur est d’avoir transformé le symbole du pouvoir en une poire. Par ce tour de passe-passe en dessin, tout le monde peut griffonner la tête du roi en se contentant du simple contour d’une poire. Dans les rues, sur les étalages,  dans les vergers, tout le monde finit par voir le roi, il n’y peut plus rien. Et personne ne peut avoir des ennuis avec la censure ou la loi. On a bien le droit de dessiner une poire (8).
En 1831, face aux juges Philipon va être condamné, il décide de faire une plaisanterie en public. Il commence par dessiner son propre portrait et en quelques dessins il se métamorphose lui-même en poire : « Tout peut ressembler à une poire » explique-t-il.
Et c’est vrai, prenez qui vous voulez vous finirez par le transformer en étapes successives en ce que vous voulez, il vous faudra peut-être une dizaine d’étapes, voire plus, un bon logiciel peut vous le prouver.
Philipon est souvent mis en procès, vingt fois !




Honoré Daumier, incontestablement le plus fort! 


Daumier reprend le dessin de la poire et devient plus  virulent en dessinant Louis-Philippe en Gargantua avalant tout... Le Roi est représenté sur son siège percé. Il est en train de digérer et de déféquer l’argent remis par le peuple affamé. 
Pour ce dessin Daumier écope de six mois de prison. Il réussit à obtenir un sursis mais il n’arrête pas pour autant ses caricatures antigouvernementales.
Malheureusement, il finit par être véritablement incarcéré à Sainte-Pélagie après la caricature des « Blanchisseurs » représentant, le gouverneur de la Banque de France, un banquier-ministre et le maréchal de Saxe en train de laver le drapeau  tricolore pour en faire disparaître le rouge. 
La légende du dessin : "le bleu s’en va, mais ce diable de rouge tient comme du sang." 
Il continue ses caricatures politiques jusqu’en 1835, date de la loi d’une censure de la presse et c’est la fin de la parution de "La caricature". Ce qui n’arrête pas vraiment Daumier. A partir de là, il va se consacrer à la satire des mœurs bourgeoises jusqu’en 1848 (2)
Même la classe moyenne n’apprécie pas la façon dont elle est lithographiée par ce dessinateur. 
A cette époque, personne ne voit en lui un grand artiste, il n’est à leurs yeux qu’un caricaturiste. Il dénonce par le dessin les raisons de la misère matérielles et morales des opprimés, il est un des premiers à le faire.




C’est assez…  
Je veux dire c’est assez pour le lecteur débutant.
Cétacé pour la baleine.








(Les paragraphes ci-dessous sont assez spécialisés.)

Regardez tout de même les images...


Le combat permanent pour la liberté de la presse. 

(Je ne parle pas de dessin dans ce paragraphe: je pense que la presse écrite et dessinée ont été malmenées de la même manière face aux censures et aux abrogations.)

L'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 stipule que "tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement".
Presque un siècle après, la IIIème République en 1881 vote la loi sur la liberté de la presse dont l'article Ier affirme : "l'imprimerie et la librairie sont libres".
On peut se demander pourquoi il y a eu besoin d’un autre article en 1881 puisque tout est dit en 1789 ? La raison est simple, la loi n’a pas été respectée  tout au long du siècle, il y a eu des abrogations.
Par exemple, Louis–Philippe rétablit la liberté de la presse en 1830, car il arrive au pouvoir après Charles X qui lui, venait de museler la presse. Louis-Philippe l’a promis, il le fait mais, cela ne dure pas, il revient vite aux méthodes répressives d’avant (9) La note 9 décrit la destruction d’une imprimerie par la police. 

En août 1847 le gouvernement saisit plusieurs journaux, avec parmi eux : Le Charivari, La Réforme  et La Gazette de France.
Plus tard, la loi de 1861 abroge un article qui supprimait tout journal ayant eu dans un délai de  deux ans deux condamnations ou contraventions.
Napoléon III ne fait pas exception, il ne veut pas entendre parler d’une possible liberté de la presse. Il  lutte contre les écrits virulents et les dessins de presse qui s’opposent à lui.



Certains journaux tirent à 30 000 exemplaires, le Charivari ne tire qu’à 2500 exemplaires.
Le dessin ne développe pas les idées comme les mots mais, cette différence de tirage est en grande partie due à la difficulté d’imprimer l’image à cette époque.
C’est presque incroyable mais, malgré les lois et leurs abrogations les journaux sont de plus en plus diffusés et de plus en plus lus pour diverses raisons : les progrès de l'alphabétisation, les progrès techniques. 
Le prix de l'abonnement diminue. 
Ceci dit l’abonnement annuel pour "la Caricature" équivaut à un mois de salaire ouvrier. 
La publication de dessins et de romans-feuilletons populaires sont aussi des atours pour la vente. 
Les journaux sont utilisés comme tribunes par les différents partis politiques pour diffuser leurs idées. Ils jouent un rôle incontestable dans l'avènement de la démocratie.
La lutte pour la liberté de la presse est longue. Ce n’est qu’en 1881 sous la Troisième République que la loi est proclamée. 
Mais rien n’est acquis, la censure peut être remise en place à chaque moment quand le régime ou l’État sont en danger. On vient de voir que cette liberté de presse est en montagnes russes au XIXe siècle. 
La liberté d’informer est l’un des principaux  indicateurs du fonctionnement d’une démocratie.  


Après 1830, quelques grands noms de dessinateurs 




Le dessin d’une poire de Philipon et de Daumier est devenu une arme de dénigrement systématique contre Louis-Philippe !  
C’est peut-être à la suite de cela que le public devient avide d’images, les journaux amusants vont se multiplier. On édite des séries de vignettes drolatiques dans des périodiques et des albums à succès, notamment ceux de Cham, un des plus habiles. (Les deux dessins ci-dessous sont de lui.)
On se passionne pour les célébrités du temps, c’est l’âge d’or du portrait caricaturé. Dans les années 1850, le dessin de presse, dans sa version comique, touche enfin toutes les couches de la société. Néanmoins, quand il y a répression, le dessin politique rentre en sommeil. 






Après la chute de Napoléon III, les journaux à caricatures laissent place à un fourmillement de feuilles volantes. Le dessin est diffusé sur des supports plus faciles à produire, faciles à afficher, circulant de main en main. Ces dessins publiés   démontrent l’importance de l’image en cette fin de siècle. Des dessins qui matérialisent les peurs et les haines de la population. Le dessin devient alors violemment scatologique, trivial, scabreux et ordurier. Ce langage dessiné reflète toute la violence des clivages politiques et sociaux d’alors.
Après la répression de la Commune, les plumes et les pinceaux sont sévèrement encadrés, mais les  journaux satiriques, hebdomadaires surtout, se multiplient quand même, en composant avec la censure et en la dénonçant souvent. 

Il est pourtant facile de publier son journal avec la loi républicaine de 1881 qui libéralise la presse. 


La loi autorise presque toutes les outrances sauf à s’attaquer aux chefs d’Etats étrangers, à l’Armée et à  se montrer trop osé sur le terrain des mœurs. (j’aimerais en savoir plus sur cette question de moeurs et voir comment le sexe est arrivé dans les journaux.)
Il n’y a plus de contrôle administratif et plus l’obligation de demander son autorisation à quelqu’un dont on souhaite publier la charge. L’illustration envahit l’imprimé et finalement tous les camps politiques d’une certaine importance s’intéressent à la caricature. Le camp républicain compte de nombreux titres, petits ou grands, plus ou moins durables, avec notamment André Gill et Alfred Le Petit. De l’autre côté, les bonapartistes, les monarchistes, les antisémites et les cléricaux publient aussi divers titres illustrés et virulents.





C’est à partir des années 1880 que les journaux quotidiens « sérieux » commencent eux aussi à publier des dessins politiques et d’actualité souvent un par semaine, parfois chaque jour. 
Le dessin prend des galons, il se simplifie. Il se limite au noir et blanc, le plus souvent au trait, en général de petite taille, mais parfois il s’étale sur toute la page. On trouve des dessins au Figaro, à La Nation, à  l’Echo de France, à La Croix.



Malheureusement, vers la fin du siècle, le dessin original une fois reproduit avec des moyens photomécaniques perd en qualité. Certains journaux publient un seul artiste, par exemple Forain parce  qu’il plait beaucoup. La renommée du dessinateur joue déjà beaucoup comme aujourd’hui Plantu qui a quotidiennement un dessin dans "le Monde".  







A la fin du XIXe siècle un dessinateur a rarement l’assurance de voir ses dessins publiés, et les relations d’un artiste habitué d’un journal peuvent se tendre jusqu’à la rupture. 
La célébrité de quelques dessinateurs ne doit pas faire oublier la précarité des centaines d’autres. 





Grandville, Il est de Nancy! c’est le dessinateur qui remplace les têtes des hommes politique par des têtes d’animaux. J’ai inséré ci-contre un de ses dessins, ça se passe au confessionnal, "folie est la brebis qui au loup se confesse. "
Les attaques incessantes de la police après le rétablissement de la censure le déprime. Il est perquisitionné par les gendarmes qui fouille n’importe comment, ça le touche profondément. Cette exaction est si terrifiante que dans une caricature, il dessine des mouches agaçantes qui envahissent son domicile. La censure fini par avoir raison de lui, puisqu’il va se consacrer entièrement  aux illustrations de grands livres, Don Quichotte, etc, il y excelle. C’est difficile de lui jeter le crayon à la figure. 

Gavarni est dessinateur, lithographe, illustrateur, peintre, aquafortiste, écrivain, je reprends mon souffle. Ils sont tous peintres! Il réalise en huit ou neuf ans 1000  lithographies pour le Charivari et la Caricature. Il a fait 2700 lithographies et 2000 autres gravures… Ces chiffres permettent de se rendre compte de la productivité d’un artiste. Ils sont sans doute tous comme lui. Un jour, il en a ras le bol de dessiner et peindre des toiles destinées à l’amusement des bourgeois il va se consacrer aux sciences physiques.

Caran d'Ache, en 1898, est cofondateur et des-sinateur dans le journal "Psst...!"Un hebdomadaire satirique antidreyfusard, qu’il fonde avec le soutien actif d’Edgar Degas (qui du coup, descend de ma haute estime) et de Maurice Barrès (85 livraisons). Son ami Forain peintre, graveur adulé dessine dans un registre plus noir que celui de Caran d’Ache. Il est aussi dans cette sombre lutte anti-judaique. (Rodin, Renoir, Cézanne, Valéry, etc, étaient aussi antisémites.)
Un des dessins les plus célèbres de Caran d’Ache, "Un diner en famille", (ci-contre) est l’excellent raccourci qu'il fit, le 14 février 1898, dans les colonnes du Figaro d'une querelle familiale. Les deux légendes sont illisibles sur mon document; "Ne parlons pas de l’affaire Dreyfus! »… "Ils en ont parlé..." 



J’ai longtemps cru que ce dessin était dreyfusard. Dreyfus est un militaire français accusé d’espionnage, il est dégradé publiquement. Il est  réhabilité en 1906. Dreyfus était juif, c’était surtout cela l’affaire.




Annexe : Les notes.




1-  Le XIXe découpé en tranches.

1789 à 1799, période révolutionnaire.
1799 à 1815, période napoléonienne. 
1814 à 1830, restauration de la monarchie (Louis XVIII, Charles X.)
("Le Radeau de la Méduse", c’est un naufrage qui raconte l’incompétence du retour d’un  commandant  royaliste  incapable de naviguer.)
27, 28, 29 juillet 1830, ce sont les « Trois  Glorieuses. » 
("La Liberté guidant le peuple" présente de manière allégorique la révolution de juillet.)
1830 à1848, la monarchie de juillet.
1848 à 1852, deuxième république.
1852 à 1870  le Second Empire.
1871, la Commune.
1870 à 1914, la troisième république.


2- Le texte imprimé se vend bien depuis l’imprimerie et les techniques se sont bien améliorées en presque trois siècles. Il est cependant impossible d’imaginer un journal ou un livre en couleur au XIXe, la technologie ne le permet pas.

3- La photographie ne peut pas être diffusée de manière mécanique avant 1880. Elle est  progressivement traduite graphiquement avant cette date, mais il faut attendre le début du XXème pour qu’elle figure en bonne place dans les journaux et qu’elle bouscule l’importance du dessin. La photographie va incarner la modernité pour les médias épris de vitesse, le dessin va pratiquement disparaître.
4- La xylogravure. Il vous faut une petite planche de bois fruitier. Vous dessiner un personnage. Ensuite, à l’aide d’une gouge, vous enlevez le bois  à droite et à gauche des lignes dessinées, c’est long. Mettez de l’encre noire sur la planche taillée à l’aide d’un rouleau. Seules les lignes sur la surface de la planche se couvrent d’encre. Couvrez la planche gravée d’une feuille de papier, passez l’ensemble sous une presse. Recommencez autant de fois que vous voudrez, vous en aurez vite marre. 
5- Ceci dit en Angleterre, Italie, Flandres, ça fait un siècle que les crayons sont  bien aiguisés. La  revanche c’est qu’à la fin du XIX siècle c’est l’esprit des dessins de presse en France qui s’exportera, chacun son tour.
6- Des nouvelles revues contenant des dessins naissent ; « la Caricature »,« Le charivari », « La Silhouette »  
Le Charivari en 1830, ridiculise allègrement la Monarchie et la bourgeoisie, ce qui lui valu d’être souvent condamné. Les dessins doivent être soumis à la censure avant d’être imprimés. Ce journal ne dépassera pas les 2500 ventes alors qu’un quotidien à cet époque, « Le Siècle » par exemple peut tirer à 20000 exemplaires. Le terme charivari signifie dispute ou plaisanterie entre époux.

7- Les Guignols de l’info d’aujourd’hui tirent sur nos présidents successifs à boulets rouges. Ils en font  tout autant avec les oppositions. Est-ce salutaire ? Est-ce un défouloir, une libération bienfaitrice? Ou bien participent-ils à dégoûter tout le monde de cette  gente politique en exagérant leurs  défauts ?


8- Au collège en 1963, mon professeur de dessin, ça se disait ainsi, nous fait recopier la tête de Louis Philippe en forme de poire ; ce fut l’occasion pour moi de découvrir les dégradés des ombres et de la lumière. Son exercice n’était pas du tout subversif, aucun d’entre nous ne connaissait le XIXe, nous trouvions seulement ce magnifique dessin de Daumier très drôle. Dans le journal Pilote en 1970, quelques dessinateurs vont s’inspirer de Daumier pour réaliser leurs Grandes Gueules.

9- Les ordonnances de Charles X le 26 juillet 1830, visent, à museler la presse d'opposition, à briser net l’élan libéral et à ramener la presse et l'édition vingt ans en arrière. Le 27, les imprimeries ferment et les gens du livre font paraître une protestation contre le pouvoir en place dans deux journaux de l'opposition, Le Temps et Le National. Descente de police dans les imprimeries. La police brise les presses, dont certains éléments gisent à terre au premier plan sur la lithographie de Victor Adam et la police s'empare des exemplaires séditieux. La révolution de 1830 est pourtant bel et bien en marche, c’est la chute de Charles X et l'avènement de Louis-Philippe qui va faire guère mieux malgré ses promesses.





10- La lithographie est une technique d'impression et de reproduction des textes et des images mise au point par hasard en 1797, par Senefelder, un auteur  dramatique allemand qui cherchait le moyen d'imprimer ses pièces à moindres coûts, en fait, un peu comme Alexander Fleming qui ne cherchait pas le pénicilline. 
Le procédé repose sur deux éléments : l'emploi d'une encre ou d'un crayon gras (composés d'un mélange de savon, de cire et de noir de fumée) pour dessiner sur une pierre enduite préalablement d'une solution composée de gomme arabique et d'acide nitrique.
Ainsi, quand la surface a été lavée à l'eau, les parties non dessinées restent humides grâce aux qualités hydrophiles de la gomme, si bien qu'au moment de l'encrage, ces parties « rejettent » l'encre. A l'inverse, les parties grasses (les parties dessinées) retiennent l'encre. On peut ensuite procéder à l'impression. La lithographie est le premier mode d'impression de type planographique ; elle préfigure l'impression offset.
11- La lithographie est particulièrement prisée par les artistes romantiques, car elle permet une grande liberté d'exécution et d'expression. Géricault en profite. Delacroix illustre le Faust de Goethe (1828) Goethe fait l’éloge de l’illustration de son Faust : "je dois avouer que, dans ces scènes  Monsieur Delacroix a surpassé ma propre vision, combien a plus forte raison les lecteurs trouveront tout cela vivant et supérieur à ce qu’il se figuraient."

Cependant, c'est pour le paysage que la lithographie suscite le plus grand  engouement… En attendant la photographie.   















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1 commentaire:

nasty a dit…

Merci beaucoup, GilbR, pour cette belle histoire des "crayonnés", avec l'hommage au jeune Duduche tout à la fin.